Une conversation avec... Jean Marie Guffens

Avec une très belle collection de vins Guffens-Heynen dans cette vente aux enchères - et avec un lien commun belge, même flamand, avec le vigneron lui-même - j'ai profité de l'occasion pour demander à Monsieur Jean Marie Guffens ce qu'il pensait du vin et de sa culture.

Au téléphone, j'ai eu la chance de pouvoir poser quelques questions. Au milieu de la première question, il a rapidement compris mon français : "Est-ce que j'entends un accent flamand ? Alors il faut continuer dans la langue maternelle !" - après quoi il a joyeusement poursuivi en flamand. Le ton était donné.

Monsieur Guffens, quels sont les vins que vous appréciez le plus en ce moment ?
JMG : "En tant que vigneron et collectionneur possédant une cave considérable, je dois admettre que j'apprécie presque tous les types de vin. Par-dessus tout, j'aime explorer. Avec l'arrivée de l'été en France, j'ai récemment dégusté de délicieux vins blancs de la vallée de la Loire, qui offrent une expérience unique et rafraîchissante. Pourtant, je dois l'admettre : j'ai longtemps préféré les vins de Bordeaux des années 80. S'ils sont bien conservés, les grands millésimes 1982 et 1989 en particulier présentent un fruit magnifiquement évolué accompagné d'une grande structure. Il y a aussi les niveaux d'alcool plus bas, que je préfère personnellement. En ce qui concerne l'année actuelle, j'ai été particulièrement séduit par les vins espagnols, notamment le Clos Mogador du Priorat, certains vins blancs de Galice et le remarquables Tondonia".

Avez-vous une préférence chez Tondonia ?
JMG : "En ce qui concerne Tondonia : bien que j'apprécie les rouges, je dois dire que je suis vraiment surpris par les blancs. De plus, dans la Rioja, grâce à mon grand ami Peter Sisseck, j'ai le plaisir de déguster régulièrement des vins de Dominio de Pingus, ce qui est une expérience unique."

Comment vous voyez-vous en tant que vigneron ?
JMG : "Ah ! Oui... Je ne suis pas soumis à la nature, c'est certain. Je suis un vigneron. Je fais le vin. Je vis dans un conflit permanent entre ce que j'ai et ce que je veux obtenir. Je dois en quelque sorte reconstituer le puzzle entre ce que la nature m'apporte et ce que le terroir me donne. Mais je dois toujours faire avec ce que l'on me donne. Cela résonne aussi avec mes origines de vigneron. Dans les années 1970, ma femme, qui est également flamande, et moi avons émigré pour faire du vin ici. Contrairement à d'autres, nous n'avons pas hérité des grands terroirs de Bourgogne, nous avons dû travailler avec ce que nous avions. Aujourd'hui encore, nous ne les avons pas, ces terroirs, et le vin reste donc le reflet de notre travail. Je crois aussi qu'il y a une surdose, une trop grande importance accordée au terroir à l'heure actuelle. Regardez les terroirs que j'ai et voyez ce que j'en fais ! Regardez comment je travaille avec eux ! Oui, le terroir joue un rôle crucial dans notre profession, mais je pense que beaucoup de jeunes vignerons le mettent trop en avant par rapport à leur propre identité. Je trouve cela dommage, car j'aime boire des vins dans lesquels je peux sentir la signature du vigneron. Surtout si cela se traduit sur plusieurs millésimes, un verre dont on peut dire en le goûtant : "Ah, c'est ce vigneron-là !". Cette signature est vraiment importante pour moi.

Que pensez-vous des maisons de vente aux enchères dans le secteur du vin ?
JMG : « Je trouve un peu étrange ce qui arrive à mes vins... »

Eh bien, Monsieur Guffens, on dit que le prix reflète la qualité.
JMG : "Ha ! Dans la plupart des cas... Croyez-moi, il m'est arrivé d'avoir de mauvais vins chers."
 
Mais globalement, que pensez-vous de la position que nous occupons sur le marché ?
JMG : " Je la trouve utile. Sans le marché secondaire et les maisons de vente aux enchères, de nombreux viticulteurs ne seraient pas là où ils sont aujourd'hui. C'est non seulement un bon baromètre de l'évolution du marché, mais aussi un bon coup de projecteur pour les petits vignerons, car ils sont désormais repérés sur le marché beaucoup plus tôt qu'auparavant. Le processus de reconnaissance s'en trouve accéléré. En outre, en tant qu'amateur et acheteur de vin, je trouve cela intéressant parce que, par exemple, en tant que client, je peux trouver chez Sylvie's des vins auxquels même moi je n'ai pas d'accès. En outre, je m'efforce d'acheter autant de choses différentes que possible, provenant du monde entier, et une maison de vente aux enchères me donne cette possibilité, tout en me permettant de le faire en petites quantités. Je trouve donc l'expérience très agréable".

Michiel Maes
Sylvie's Wine Auctions
Juin 2024
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